LE GALET DANS LES MURS NON PORTEURS EN MAÇONNERIE SÈCHE : Instances of pebbles used in non load bearing drystone walls Christian Lassure L'emploi de galets dans les ouvrages de maçonnerie sèche n'est guère répandu et les rares occurrences que l'on rencontre dans la bibliographie concernent principalement des murets de soutènement ou de clôture de faible élévation (1). Pour des raisons morphologiques évidentes (absence d'angles vifs), ce matériau se prête mal à l'édification de murs porteurs et de voûtements de cabanes en pierre sèche, à moins de recourir à un mortier à liant ou de disposer de gros galets fendus ou refendus de façon à avoir une face plus ou moins plane (cas du cortal du pla de l'orri à Sansa dans les Pyrénées-Orientales relevé par nos soins (2) ou encore de la cabane de Saint-Pargoire dans l'Hérault décrite par Gilles Fichou dans le présent site (3)). En cherchant dans pierreseche.com, nous avons trouvé deux mentions disparates de murs à d'appareillage de galets : EXEMPLES OBSERVÉS PAR MICHEL ROUVIÈRE Heureusement, Michel Rouvière nous a laissé quelques photos et dessins de murs de galets fluviatiles qu'il a eu l'occasion d'observer en Ardèche méridionale, documents qui permettent, à l'analyse, diverses constatations sur le type de mur, l'origine géologique du matériau, son appareillage, etc.
Galets de granite
Galets de schiste
Galets de rivière (matériau non précisé)
« Miches calcaires »
ENSEIGNEMENTS
Les exemples ci-dessus de maçonnerie de galets sans appoint de mortier à liant tendent à montrer - que le matériau est essentiellement des galets de granite ou de schiste, - qu'il coexiste parfois avec des moellons dans une même mur, - qu'il se limite à des murets ou des soutènements de faible hauteur, - qu'il est mis en œuvre soit cru (quand il est de petite taille), soit retouché ou cassé en deux (quand il est gros ou très gros), - qu'il se prête à une pose verticale ou oblique (à droite ou à gauche) aussi bien qu'horizontale, avec ou sans assises, avec ou sans couronnement. Il est entendu que ces remarques valent uniquement pour les murs agricoles anciens et non les rares tentatives constructives contemporaines. L'enquête est à poursuivre.
NOTES (1) Rappelons au passage que les calades employant des galets relèvent non pas de la construction à pierre sèche mais du pavage : il n'y a pas de superposition donc d'élévation comme dans un mur et le matériau est fiché dans du mortier donc non sec (bref, on touche là au registre de la « galéjade »...). (2) Christian Lassure, Les cortals de pierre du Conflent (Pyrénées-Orientales) (The stone sheep shelters of the Conflent region, Pyrénées-Orientales), http://www.pierreseche.com /cortals_du_conflent.htm,14-15 juillet 2007 (section « Le cortal du Pla de l'Orri à Sansa »). (3) Gilles Fichou, La « cabane aux galets » de Saint-Pargoire (Hérault) (The pebble-built hut of Saint-Pargoire, Hérault) (4) Anny de Pous, L'architecture de pierre sèche dans les Pyrénées méditerranéennes, dans Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, n. s., 3, année 1967, pp. 21-115, en part. p. 26 (Murs de soutènement). Cité dans Christian Lassure, Les matériaux du mur de soutènement en pierres sèches (The materials used in dry stone retaining walls), http://www.pierreseche.com/materiaux_du_mur_de_soutenement.htm, 5 août 2002. (5) Michel Rouvière, La restauration des murs de soutènement de terrasses, coll. Les cahiers pratiques, Parc national des Cévennes, Florac, 2002, 40 p. (6) Dans les Cévennes, les « clavade » des zones schisteuses sont soit des murs de retenue barrant le fond d'un ravin, soit des murs de soutènement agricoles dont les pierres sont posées en délit, sur la tranche (voir Christian Lassure, La structure du mur de soutènement en pierres sèches, http://www.pierreseche.com/structure_du_mur_de_soutenement.htm, 5 août 2002, section 5 : Les rascasses ou clavades). (7) À l'instar des pierres calcaires friables, les moellons de grès, eux aussi, ont tendance à évoluer vers des formes proches de celles des vrais galets roulés, leurs angles s'émoussant facilement sous l'action du vent et du gel. Mais aucun exemple n'est disponible dans la documentation ici réunie. SOURCES * Christian Lassure (légendes), Cabanes, murs et ouvrages en pierre sèche. Dessins de Michel Rouvière (Dry stone huts, walls and structures. Drawings by Michel Rouvière), http://www.pierreseche.com/dessins_Rouviere.html, 3 décembre 2005. * Christian Lassure, Choix de dessins à la plume de Michel Rouvière regoupés par thèmes (A thematic selection of Michel Rouvière's pen drawings), L'Architecture vernaculaire, tome 38-39 (2014-2015), http://www.pierreseche.com/AV_2014_dessins_rouviere.htm, 19 mars 2016. * Christian Lassure, La maçonnerie à pierres sèches : vocabulaire – Lettre G (Vocabulary of dry stone masonry – Letter G), http://www.pierreseche.com/vocabulaire_pierreseche_G.html, 25 décembre 2001. * Christian Lassure, Les matériaux du mur de soutènement en pierres sèches (The materials used in dry stone retaining walls), http://www.pierreseche.com/materiaux_du_mur_de_soutenement.htm, 5 août 2002. * Michel Rouvière (photos), Terraces des Cévennes (Terraces of the Cévennes) (photo en bas à droite : « Murs de terrasses en galets à Gravières (Ardèche) »), http://www.pierreseche.com/photos_terrasses_des_Cevennes.html, sans date. Pour imprimer, passer en mode paysage © CERAV Référence à citer / To be referenced as : Christian Lassure LIRE AUSSI
* sur les constructions historiques en galets :
- Le cortal du Pla de l'Orri à Sansa
- La « cabane aux galets » de Saint-Pargoire (Hérault)
- La digue en pierre sèche de « Sous-Perret » à Joyeuse (Ardèche) * sur les murs contemporains en galets :
- Aménagement d’un mur vivant à la Maison Familiale Rurale de Ventavon
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