LES MATÉRIAUX DU MUR DE SOUTÈNEMENT EN PIERRES SÈCHES The materials used in dry stone retaining walls Texte de Christian Lassure, photos de Michel Rouvière
1. Provenance Le matériau pierreux allant à la construction des murs de soutènement de terrasses provient principalement du défonçage, ou effondrement (1), du terrain juste au-dessus du mur mais il peut aussi avoir été apporté à pied d'œuvre depuis une autre parcelle voire d'une carrière si le creusement n'a pas fourni de pierres en quantité suffisante pour le mur envisagé. La fourniture de pierres est surtout le cas lorsqu'il s'avère nécessaire de remplacer d'anciennes pierres jugées trop altérées ou trop petites pour être reprises dans la nouvelle maçonnerie. Ainsi dans le vignoble de Banyuls (Pyrénées-Orientales), où de petites carrières sont encore exploitées pour la restauration de murs de soutènement en schiste.
2. Géologie Le granite donne des murs en gros blocs, peu sensibles à l'érosion et d'une grande stabilité, ne nécessitant pas un fruit important en parement (5 cm par mètre).
Le grès donne des murs en petits blocs, d'une bonne résistance, et donc n'exigeant pas de fruit important.
Le schiste donne des murs fragiles, sensibles aux agressions mécaniques (passages d'animaux ou d'hommes) et climatiques (gel en particulier), d'où des fruits importants (de 15 à 20 cm par mètre).
Le calcaire, matériau d'une grande variabilité quant à son débitage et à sa dureté, autorise des appareillages très variés. Les calcaires gréseux du tertiaire donnent les murs les plus résistants aux agressions atmosphériques. Les calcaires marneux et les calcaires coquilliers, très friables, donnent des murs fragiles (2), entraînant le recours fréquent au double parementage. L'épaisseur des murs calcaires est de l'ordre de 70 cm, avec un fruit dans les 10 cm par mètre.
Les galets arrondis, rencontrés en bas de versants proches d'une rivière, ne favorisent pas, pour leur part, la cohésion de l'appareillage.
Il n'est jusqu'aux gros blocs roulés, provenant d'anciennes moraines, qui aient été employés (le cas est signalé dans le Conflent), donnant un appareil pseudo-cyclopéen (3). NOTES (1) Au XIXe siècle, dans les terrains pierreux, l'effondrement était une technique de création de sols consistant à défoncer le substrat rocheux et à réduire la roche en menus morceaux à coups de barre à mine, de masse, de pic, voire en employant la poudre. L'étape suivante était celle de l'épierrement. (2) Un exemple très parlant est celui des marnes calcaires de la région de Villeneuve-de-Berg (Ardèche) : elles sont tellement friables que les murs de terrasses se transforment peu à peu en talus. Cf. Michel Rouvière, Originalité des aménagements en pierre sèche dans la région de Villeneuve-de-Berg (Ardèche), dans Revue de la Société des enfants et amis de Villeneuve-de-Berg, 2000, pp. 86-90. (3) Cf. Anny de Pous, L'architecture de pierre sèche dans les Pyrénées méditerranéennes, dans Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, n. s., 3, année 1967, pp. 21-115, en part. p. 26 (Murs de soutènement). Pour imprimer, passer en mode paysage © CERAV Référence à citer/ To be referenced as : Christian Lassure page d'accueil sommaire terrasses
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