RECENSION 7 / REVIEW 7

CARRIÈRES ET CARRIERS DE RUOMS ARDÈCHE)

Parution initiale dans L'Architecture vernaculaire, tome 19, 1995

 

Paul Jourdan, Carrières et carriers de Ruoms [Ardèche], Les cahiers de Cévennes Terre de Lumière, No 4, 1995, 98 p. (compte rendu : Christian Lassure).

Ce très instructif ouvrage sur les carrières et les carriers de la petite ville de Ruoms en basse Ardèche, dans le dernier quart du XIXe siècle et dans la 1re moitié du XXe, est le fruit de l'expérience de M. Paul Jourdan, ancien carrier puis exploitant de carrière, dont les témoignages renvoient plus particulièrement aux anciennes carrières Jourdan-Maygron et Cie de Ruoms.

Sont successivement abordés :

- le matériau – la pierre de Ruoms – calcaire très dur, gris-bleu, classé dans la catégorie des pierres « froides »;

- l'historique des carrières (avec le passage de l'exploitation artisanale à l'exploitation industrielle en 1875 grâce au chemin de fer) et les causes de leur déclin (la concurrence puis le béton);

- l'organisation de la carrière, avec de haut en bas le maître carrier, l'appareilleur (qui trace les épures), les chefs de chantier, les trancheurs (qui tranchent les blocs du front de taille), les manœuvres, les besognes et responsabilités des uns et des autres;

- la taille et la gravure des blocs, leur déplacement sur le chantier, leur transport jusqu'à la voie ferrée;

- l'apprentissage du tailleur de pierre;

- les emplois de la pierre de Ruoms (pierre à bâtir, mais aussi encadrements de portes et de fenêtres, croix de carrefour, monuments funéraires).

L'étude de M. Jourdan est suivie d'une fort savante contribution géologique de M. Georges Naud sur les calcaires de la carrière Jourdan.

L'ensemble de l'ouvrage est illustré d'un grand nombre de dessins à la plume (en particulier d'outils) et de reproductions de documents d'époque.

Un passage de l'étude de M. Jourdan a tout particulièrement retenu notre attention, celui où il explique la propension des murs en pierre de Ruoms à « pisser l'eau ». Il ne s'agit rien d'autre que d'un phénomène de condensation qui s'observe dans des intérieurs clos. L'auteur cite à ce propos le témoignage d'un vieil habitant de Labeaume (où s'exploite une pierre identique à celle de Ruoms). « Dans sa jeunesse », celui-ci « a vécu dans une maison construite en pierre sèche » (...) « Les murs n'étaient pas jointoyés et laissaient passer l'air entre les interstices. Malgré les temps les plus humides et les violentes averses frappant la maison, aucune trace de transpiration des murs à l'intérieur de cette maison ne fut jamais constatée. Quand il voulut jointoyer ses murs à la chaux pour mieux s'isoler du froid, il s'aperçut que, par temps de pluie, ceux-ci suintaient intérieurement. Ainsi, par manque d'aération, la vapeur d'eau se condensait sur la paroi ».

Autre détail qui a retenu notre attention, la construction par les ouvriers d'abris évoquant les dolmens (grande dalle posée sur des orthostats : évidemment, il s'agissait non pas de l'expression d'un atavisme venu du fond des âges mégalithiques mais tout simplement de la nécessité de fournir une protection aux caisses en bois, fermant à clef, où les ouvriers recelaient leur outillage personnel.

Ouvrage disponible auprès de Cévennes Terre de Lumière, 20 route de Vals - 07200 AUBENAS.


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© CERAV

Référence à citer / To be referenced as :

Christian Lassure
Paul Jourdan, Carrières et carriers de Ruoms [Ardèche], Les cahiers de Cévennes Terre de Lumière, No 4, 1995, 98 p.
http://www.pierreseche.com/recension_7.html

Parution initiale dans L'Architecture vernaculaire, tome 19, 1995

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