L'ARCHITECTURE  VERNACULAIRE

 

 

 
ISSN 2494-2413 TOME 38-39 2014-2015

Jean-Yves Dufour et Marie-Anne Bach

UNE MAISON VILLAGEOISE DU XVIIIe SIÈCLE OBSERVÉE À ROISSY-EN-FRANCE (VAL-D'OISE)

 

Résumé

À Roissy-en-France, une opération d’archéologie préventive a permis d’étudier une maison villageoise avant sa démolition.
La maison est composée d’un ensemble homogène de trois travées, complété d’une quatrième travée distraite d’une ancienne grange. La construction en pierres enduites au plâtre, les façades unies, sans décor, et les linteaux de bois non apparents sont des traits de l’architecture dite briarde.
Les prélèvements dendrochronologiques effectués dans la charpente datent la mise en œuvre des bois vers 1738-1739. À l’étage, les chambres présentent des aménagements et matériaux des XVIIIe et XIXe siècles.
Les faits observés nous laissent penser que la maison d’habitation observée réaménage un ancien bâtiment de stabulation.
L’étude archivistique montre que cette maison de ville est issue du lotissement d’une grande ferme céréalière du Pays de France. La ferme de La Selle apparaît dans les archives au XIVe siècle Elle n’est plus louée en tant que corps de ferme à partir de 1782. En 1791, onze ménages de locataires occupent les bâtiments de l’ancienne ferme.

Abstract

At Roissy-en-France, a village house slated for demolition has been the subject of a rescue archaeology survey operation.
The house consisted of a three-bay main structure, complemented by a fourth bay belonging to an old barn. Its stone walls rendered with plaster, its plain, undecorated façades and unexposed wooden lintels all hark back to what is called the Brie-style house.
The analysis of tree-ring samples taken from the roof's timber trusses points to the years 1738-1739 as the date of their construction. The bedrooms on the first floor boast materials and fixtures dating from the 18th and 19th centuries.
Judging from onsite observations, the house is a converted stable.
The study of archives relating to this urban house shows that it originated from the division of a large cereal-growing farm of the Pays de France. The La Celle farm was first mentioned in 14th-century archives. It stopped being let as a farm in 1782. In 1791, the buildings of the former farm were occupied by eleven tenant households.



Introduction

Roissy-en-France est une commune localisée à la limite orientale du Val-d'Oise (Fig. 1). Géographiquement, le village est situé au centre du Pays de France qui correspond approximativement à l’est du département du Val-d’Oise, à la moitié nord de la Seine-Saint-Denis et à une petite partie de la Seine-et-Marne. Le Pays de France ou Plaine de France constitue un ensemble de plaines (±550 km2) situées au nord et au nord-est de Paris. Cette région naturelle repose sur un plateau incliné vers le sud-ouest, soit vers Paris. Ce plateau est recouvert de limons, principalement lœssiques, dont l’épaisseur varie de quelques dizaines de centimètres à plusieurs mètres. Ces terres sont très favorables à la céréaliculture.

Le village de Roissy s’étend sur un léger versant issu de l'érosion du substrat constitué par le calcaire de Saint-Ouen. Sur le plan hydrographique, il est situé dans le bassin versant du Croult, affluent de la Seine. Aucun cours d’eau n’y circule. Les eaux de ruissellement du village alimentent le Croult, par le talweg de Vaudherland localisé au sud-ouest du bourg.

La maison observée au 14 rue Jean Moulin, est un bâtiment issu du démembrement de la ferme de la Selle. Cet établissement agricole était localisé dans la partie ouest du village. La ferme fut démolie et lotie dès la fin du XVIIIe siècle Un seul bâtiment sur rue subsistait en 2013. Quelques observations archéologiques réalisées avant démolition sur ce bâtiment font l’objet de la première moitié de cet article. Une étude archivistique complète notre connaissance du site ; elle retrace l’histoire du domaine de la Selle et de ses bâtiments du Moyen Âge à la Révolution, dans le contexte social, économique et politique de ces époques. La seconde s’adresse plus spécifiquement à l’évolution du bâti telle que les sources permettent de l’appréhender.

Accès et description générale

Depuis la rue Jean Moulin, dénommée Grande rue au XVIIIe siècle, on accédait à la maison par une ancienne porte charretière accotée au mur pignon Est de la maison. Un pilier massif, construit de gros carreaux (65 x 63 x 27 à 43 cm) en pierre de taille calcaire, est l’unique vestige témoignant de cet ancien accès à la ferme (cf. Fig. 2).

Le porche franchi, un premier accès à la maison se faisait par une porte piétonne ouverte dans le mur pignon Est.

Le second accès est positionné au milieu de la façade (sud) sur rue : une porte [1] suivie d’un corridor nous plonge au cœur de la maison.

La maison du 14 de la rue Jean Moulin est très légèrement trapézoïdale [2],mais la forme générale est celle d’un rectangle de 15 x 6,9 m, axé d’Est en Ouest, avec un mur gouttereau sud sur rue.

Un toit à deux pans chapeaute cet édifice simple doté d’un étage et d’un grenier.

Des différences dans la hauteur de toiture, les planchers et les façades permettent d’emblée de distinguer la travée la plus à l’ouest comme étant distraite du bâtiment localisé au 16 de la rue jean Moulin.

La maison du 14 est donc composée d’un ensemble homogène de trois travées, complété d’une quatrième travée ouest bien différente.

I - Observations sur le bâti de la maison

Description des façades

La façade sur cour, exposée au nord, semble avoir été peu remaniée, et rend donc mieux compte de l’aspect originel de la maison (Fig. 3) .

Les trois travées composant le bâtiment principal mesurent 10,4 m hors-œuvre, soit 32 [3] pieds. Le mur nord est large de 60 cm, construit de moellons calcaires enduits de plâtre. Au rez-de-chaussée, deux portes disposées au milieu des travées latérales, signalent a priori les entrées de deux logements indépendants.

Le décroûtage partiel du mur au niveau de la travée centrale, a dévoilé une ancienne porte bétaillère (Fig. 4) large de 130 cm (4 pieds) et haute de 165 cm (5 pieds). L’ouverture est encadrée de montants maçonnés composés de moellons [4]  de calcaire liés au plâtre [5], soutenant un linteau en chêne long de 195 cm (1 toise). Condamnée [6], cette porte témoigne de la fonction agricole première de ce bâtiment d’habitation.

Au pied de la façade nord, est conservé un sol pavé (Fig. 5), large de 3,9 m (2 toises).

Les pavés de grès mesurent [7] 19,5 x 17,5 cm, pour une épaisseur inférieure à 15 cm. La taille majoritairement oblique de ces pavés nous suggère leur datation moderne (XVIIe-XVIIIe siècles.) plutôt que contemporaine. Le pavement, en légère pente vers le nord, est marqué d’une rigole positionnée à 3,2 m (10 pieds) de la façade.

La largeur de ce pavement dépasse ce qui est nécessaire pour le simple cheminement des humains. Elle convient plus au parcage de grand bétail, bovins ou équidés. Le filet d’eau observé est plus en position de servir de rigole à urine que d’évacuation pour les eaux pluviales.

À l’étage, trois fenêtres sont disposées symétriquement. Appuyées sur un soubassement calcaire, ces ouvertures sont protégées par une simple barre d’appui. Une corniche moulurée en plâtre est le maigre ornement de la façade de cette maison discrète. En limite ouest, des toilettes sont construites en briques au XXe siècle, en appentis saillant sur cette façade nord.

La quatrième travée, la plus à l’ouest, affiche une fenêtre surlignée de briques au rez-de-chaussée, et une porte à engranger à l’étage. Un linteau et un soubassement de bois, contribuent à renforcer la différence visuelle de cette travée complémentaire. La partie basse est beurrée au ciment, la partie haute enduite de plâtre.

La façade sur rue, exposée plein sud, présente un état remanié moins bien conservé que la façade sur cour. De part et d’autre d’une porte centrale, un habillage de brique recouvre la façade sur une hauteur de 50 cm. Deux fenêtres au rez-de-chaussée et trois fenêtres symétriquement disposées à l’étage sont équipées d’un soubassement en pierre calcaire et de garde-corps en fonte, ce dont ne bénéficiaient pas les fenêtres sur cour. Plus travaillée, cette façade est davantage celle d’une maison de bourg, ou de village, que celle d’une maison rurale à strictement parler.

La travée complémentaire la plus à l’ouest se distingue par un soubassement dont les joints sont beurrés et décorés de rocaille. La fenêtre est également surlignée d’un bandeau de briques posées de chant.

Les pièces du rez-de-chaussée ( Fig. 6)

La porte [8] sur rue donne accès à un corridor large de 135 cm (4 pieds) desservant trois des quatre pièces du rez-de-chaussée. Deux poutres porteuses en chêne distinguent trois travées, respectivement [9] larges de 3,9 m (2 toises), 2,9 m (9 pieds) et 3,2 m (± 10 pieds). Ces chiffres irréguliers expliquent en partie pourquoi les inventaires anciens mesurent, par souci de simplicité, la longueur d’un bâtiment en travées et non dans l’unité de mesure conventionnelle.

La quatrième travée, la plus à l’ouest, est également large de 3,2 m dans œuvre.

Largement remanié au XXe siècle, le rez-de-chaussée se prête peu à l’étude. À l’ouest du couloir en entrant depuis la rue, une cuisine aménagée dans les années 1950, occupe la pièce la plus vaste (23 m2), à cheval sur les deuxième et troisième travées (Fig. 7 et 6). Une porte [10] ajourée sur cour et une fenêtre sur rue donnent de la lumière à cette pièce à vivre haute seulement de 195 cm (1 toise) sous poutre.

Le mur de refend, séparant la troisième travée de la travée la plus à l’ouest, est percé d’une porte permettant d’accéder depuis la cuisine contemporaine, vers une chambre planchéiée [11] de 5,8 x 3,2 m (soit 18 x 10 pieds). La position de cette porte, à 1,4 m (± 4 pieds) du mur nord, et 3,9 m (2 toises) du mur sud, sous-entend une ouverture réalisée selon les mesures de l’Ancien Régime, donc peut être une ouverture appartenant à la phase ancienne du bâtiment.

Une cloison de briques limite vers le sud la maison du 14 de la rue Jean Moulin et distrait cette pièce du bâtiment ancien devenu le 16 de la rue Jean Moulin. Outre un traitement différent des façades, la travée la plus à l’ouest présente en rez-de-chaussée un sol planchéié surélevé de 26 cm par rapport au sol de tomettes conservé dans d’autres pièces du rez-de-chaussée. La hauteur sous plafond (2,65 m) est plus élevée que celle observée dans le reste du rez-de-chaussée ; elle répond plus aux normes d’un habitat, que la pièce principale. Par opposition, la faible hauteur (1,95 m sous poutre) de la pièce principale est un argument supplémentaire pour une interprétation agricole de sa première fonction.

La lumière est apportée dans cette ultime travée, par une ancienne porte sur cour, transformée en fenêtre, et par une fenêtre sur rue.

À l’est du couloir d’accès depuis la rue, la première travée offre un espace intérieur de 22,6 m2, soit exactement 6 toises en carré. Une chambre avec fenêtre sur rue occupe l’angle sud-est de la maison. Un sol bétonné remplace le sol d’origine, mais le mur conserve les traces d’un ancien conduit de cheminée disposé au milieu du mur pignon Est. Une cloison de briques sépare le tiers nord de cette première travée. Deux portes [12] (successives ?) donnaient accès depuis la cour et le porche, à cette pièce positionnée dans l’angle nord-est de la maison. Un revêtement de tomettes hexagonales en terre cuite de dimensions moyennes [13] témoigne d’une utilisation de cet espace comme habitat pour les hommes. Cette fonction d’habitat intervient logiquement après l’utilisation bétaillère mise en évidence sur la façade nord.

Ce sol de tomettes est posé à l’altimétrie de 95,18 m NGF.

À l’extrémité nord du couloir central, un escalier ( Fig. 8) permet d’accéder au premier étage. Cet escalier tournant à gauche est en bois, articulé autour d’un noyau en bois évidé et appuyé sur deux cloisons formant cagibi sous la cage d’escalier.

Comme l’angle nord-est du rez-de-chaussée, le sol autour de l’escalier est revêtu de tomettes hexagonales en terre cuite. Un petit sondage ouvert dans le sol du cagibi, révèle deux sols construits superposés : un premier revêtement de tomettes positionné à l’altitude de 95,09 m NGF, repose sur un sol de plâtre et un lit de pose de sable jaune. Une couche de plâtre nappe ce premier revêtement, et sert de lit de pose au second revêtement de tomettes altimétré 9 cm plus haut. Des remaniements de sol ont donc eu lieu dans le rez-de-chaussée durant la phase d’habitation.

Quatorze marches en bois de chêne composent la volée tournante de l’escalier qui permet d’accéder à l’étage positionné 2,5 m plus haut. La marche de départ, en volute, est en bois. Les marches présentent un giron de 28-30 cm, une hauteur de 18 cm et un nez également en bois de chêne. La marche de départ, en volutes, est également en bois. Une main courante en fer, présente une rampe de section en segment, appuyée sur des barreaux.

L’étage de l’habitation (Fig. 9)

À l’étage, les trois travées de l’habitation principale sont consacrées à des pièces d’habitat.

L’étage de la travée la plus à l’ouest a conservé une fonction agricole.

L’escalier et le palier en L qu’il dessert, occupent la moitié nord de la travée centrale (soit 8,3 m2).

Le sol de la travée centrale est revêtu de tomettes hexagonales en terre cuite de moyen [14] format (Fig.10).

Les poutres porteuses des sols du premier étage ont fait l’objet de deux prélèvements dendrochronologiques : l’une de ces poutres aurait été mise en œuvre entre 1735 et la fin 1739.

Dans la moitié sud de la travée centrale, des cloisons [15] réalisées en pan de bois isolent une petite pièce de 6,6 m2, tardivement transformée en embryon de salle d’eau.

La travée Est (23 m2 au sol) est aménagée en chambre ; un sol de plancher [16], une fenêtre sur rue et une fenêtre sur cour, une cheminée et un placard aménagés dans le mur est, des parois de plâtre peintes couleur lie de vin sur 2 pieds de hauteur, confèrent un certain degré de confort à cette chambre haute sous plafond de 2,65 m. Une cloison découpée en alcôve ( Fig. 11) sépare le 1/5e de la surface côté nord, sans doute pour préserver l’intimité d’une partie des occupants. Ces quelques traces de confort nous suggèrent une habitation destinée à des particuliers possédant un statut social légèrement plus élevé que celui d’ouvrier agricole.

Les mesures relevées dans la position des fenêtres, la longueur des cloisons ou du placard, etc., sont faites en pieds, aussi tendons-nous à croire que l’aménagement initial de cette chambre puisse dater du XVIIIe siècle Certains éléments (papiers peints, boiseries des fenêtres, etc.) sont naturellement plus récents.

La travée ouest est également dévolue à une chambre planchéiée de 11 m2 côté sud, commandant l’accès à une chambrette de 7 m2 dont le sol est revêtu de tomettes. Fenêtres, placard aménagé dans l’épaisseur du mur, cloison en pan de bois, hauteur sous plafond, etc., appartiennent au fond commun technique du reste de l’étage déjà décrit. Nous ne sommes cependant pas certains de la présence d’une cheminée d’origine dans cette pièce.

Le grenier

Un escalier d’une seule volée en équerre, permet d’accéder de l’étage au grenier. La cage d’escalier rectangulaire [17] fermée, construite de planches de chêne et portes récupérées, est dans-œuvre au milieu du grenier. En 2013, quelques haricots séchés (Fig. 12 ) et d’innombrables bocaux de verre vides, marquent toujours l’utilisation de cet espace comme lieu de conservation des denrées alimentaires.

Le sol du grenier est fait de plâtre appliqué directement sur des planches.

Une ventouse d’un pied en carré [18] ouvert au travers du mur pignon Est, donne de l’air à ce grenier d’une superficie de 61 m2.

La charpente

Dans le grenier, les murs gouttereaux, hauts d’1 m, supportent une charpente à ferme à contreventement simple. La grande majorité des pièces de la charpente sont des bois de brin en chêne. La charpente est homogène, les chevrons présentant toutefois de nombreuses traces de réemploi.

(Fig.13 et 14)

Les deux arbalétriers, les deux jambettes et l’entrait retroussé de chacune des deux fermes, deux pannes, un poinçon et un lien ont fait l’objet de datations dendrochronologiques par la société Dendrotech [19] .

Les quinze prélèvements effectués dans la charpente convergent tous pour une mise en œuvre des bois vers 1738-1739.

Cette datation est cohérente avec celle obtenue sur les poutres porteuses du premier étage.

Le pan sud de la toiture est recouvert de tuiles mécaniques en provenance de la tuilerie de Chagny (Saône-et-Loire). Toujours mieux conservé, le pan nord est revêtu de petites tuiles plates (Fig. 15) à crochet de 24-25 x 16 x 1 cm.

La datation de ces tuiles est délicate, mais signalons avoir trouvé en sondage au sol, sur le site, les mêmes tuiles, dans le comblement du fossé 3026, fossé nettement recoupé par les couches de démolition de l’angle nord-est de l’ancienne ferme. Outre des tuiles similaires à celles encore en place, le comblement de ce fossé a livré des fragments de plâtre et beaucoup d’éléments céramiques de la seconde moitié du XVIIIe siècle ; sinot bas normand, assiette calotte en faïence blanche à décor parfilé, assiette calotte en faïence, avec décor d’un semis de points en camaïeu bleu, pots de chambre, tèle ou bassin, etc.

Les tuiles observées sur le pan nord, datent donc au moins du XVIIIe siècle.

L’étage de la travée la plus à l’ouest (Fig. 16)

La quatrième travée, déjà fort différente en façades, élévation et matériaux, révèle à l’étage sa vraie nature. L’étage n’est accessible que par une porte [20] à engranger positionnée à 3 mètres de hauteur sur la façade nord. Deux rails métalliques fichés horizontalement devant la porte signalent sans doute une ancienne petite plate-forme surélevée destinée à faciliter le maniement des produits agricoles à engranger. À l’origine, une seconde porte [21] à engranger permettait d’accéder depuis la façade sud, côté rue.

Un plancher en résineux recouvre les 19 m2 de l’espace intérieur. De la paille, un harnais, des éléments de charroi et de tarare témoignent de l’utilisation agricole de l’étage de cette travée.

Le tiers nord de cet espace est aménagée d’un sinas positionné à 2 m de hauteur.

Fixé à 1 m de hauteur sur le mur Est, un fer plat ceinture tout le mur pignon ouest du corps principal de la maison composée des trois premières travées. Un conduit de cheminée est adossé au mur pignon ouest du corps principal de la maison ; protégé par la quatrième travée (Fig. 16 D), il ne semble pas avoir subi d’intempéries. Cet argument suffit-il pour supposer une construction contemporaine du 14 et du 16 de la rue Jean Moulin ?

La charpente de cette travée distraite du bâtiment voisin est une charpente à ferme simple, qui se prolonge vers l’ouest. Une cloison de carreaux de plâtre très contemporains sépare les deux habitations.


II - Le puits

Outre le bâtiment étudié, seuls quelques pans de murs partiellement conservés comme murs de clôture et un puits, constituent les maigres vestiges de l’ancienne ferme de la Selle.

Globalement localisé au milieu de l’îlot parcellaire qui constitue l’emprise (ferme +jardin) de l’ancienne ferme de la Selle, le puits (Fig. 17) observé était implanté dans le quart nord-ouest de la cour de la ferme.

Avant sa disparition prochaine, la partie supérieure du puits a également été décrite.

La margelle est composée de deux assises, composées de deux blocs de calcaire taillés en demi-couronne. La margelle a un diamètre interne de 100 cm, et un diamètre externe de 170 cm.

Avant fracturation, chaque bloc courbe mesurait une centaine de centimètres de longueur, pour 30 cm de largeur et de hauteur.

Les deux blocs de la margelle, puis leurs fragments, sont liés par des agrafes [22] en fer courbes. Ces agrafes sont posées dans des rainures et scellées au plomb à leurs extrémités dans des cupules creusées de 5 cm.

Aucune trace d’un support de poulie n’était conservée en surface du terrain.

Le puits étant bouché, nous ne savons en cet état de la recherche, si la cheminée était maçonnée ou non.


III - Le domaine de la Selle : grandeur et décadence d’une ferme du Pays de France (par Marie-Anne Bach)

La ferme de la Selle, qui ne prend ce nom qu’à partir du XVIIe siècle, apparaît dans les archives dès le Moyen Âge. Elle comporte jusqu’en 1774 un grand corps de ferme situé sur la rive nord de l’actuelle rue Jean Moulin. Au fil des acquisitions réalisées par les propriétaires successifs, la surface des terres labourables s’accroît pour atteindre 212 arpents soit 108,5 ha en 1763 [23]. Trois lignages de fermiers s’y succèdent.

Propriété des seigneurs de Roissy depuis 1636, la ferme est démembrée à la fin du XVIIIe siècle par le dernier d’entre eux, les terres réparties entre ses trois fermiers et les bâtiments transformés pour leur plus grande part en logements locatifs pour ménages modestes. En 1794, terres et bâtiments sont vendus comme biens nationaux. Acquis à l’origine par un unique propriétaire, le bâti se disperse rapidement entre plusieurs mains. Dans la première moitié du XIXe siècle, un cocher parisien natif de la commune s’attache à rassembler et aménager ce qui en subsiste.

III. 1 - Du Moyen Âge au « beau » XVIe siècle : la construction d’un grand domaine agricole

La ferme de la Selle, qui ne porte pas encore ce nom, apparaît dans les archives dès le XIVe siècle [24]. Propriété jusqu'au XVe  siècle de la famille Pilloys [25], petits seigneurs du Vexin français,  le domaine comporte alors plusieurs bâtiments et 80 arpents de terres. Exclusivement roturier, il est tenu en censive pour sa plus grande part du Prieuré de l’Isle-Adam, qui possède à Roissy un fief ne relevant pas de la seigneurie principale. De la petite noblesse locale, le domaine passe en 1469 à l’élite de la bourgeoisie parisienne : la ferme est cédée par Louis de Pilloys, écuyer, à Jean Charpentier son cousin, procureur au Chatelet de Paris, et surtout notaire et secrétaire du roi Louis XI en 1482, au contact direct du monarque [26]. Charpentier possède déjà dans la paroisse un lot de terres sans corps de ferme [27], héritées de sa famille et l’ensemble dépassait les 100 arpents.

En 1532, Nicolas Charpentier, fils de Jean, marchand drapier parisien sans postérité, fait don de ses biens roisséens à son beau-fils Thomas de Bragelongne. Multipliant les achats de terres, Thomas de Bragelongne puis Madeleine Kerver sa veuve, portent la surface du domaine à 161 arpents [28] (79 ha) en 1573 puis à 112 ha en 1586 [29] . Le domaine des Bragelongne le situe désormais au 3ème rang des propriétaires du finage, derrière le domaine seigneurial et celui des Tournelles, mais c’est un domaine roturier. Thomas de Bragelongne a très probablement conquis dans les offices des titres de noblesse auxquels il convient désormais de donner une assise terrienne plus prestigieuse [30]. L’édit d’aliénation des biens d’Eglise du 13 mai 1563 [31] lui fournit l’occasion d’acquérir l’année suivante le fief du Prieuré de l’Isle-Adam, dont dépend la majeure partie de ses propres terres, qui se trouvent du même coup anoblies. Du même fief, mouvant directement du Roi, relèvent aussi une quarantaine de maisons en censive regroupées dans le secteur nord-ouest du village [32] (actuellement rue Jean Moulin, rue Chalot, rue Houdart), ainsi que le four Saint-Martin, four banal auquel ces censitaires sont assujettis. C’est ainsi le quart du village qui échappe à la banalité du four des seigneurs de Roissy. De telles prérogatives ne peuvent qu’irriter Jean-Jacques de Mesmes, premier du nom, acquéreur de la seigneurie en 1537, qui s’efforce depuis lors de faire disparaître les droits seigneuriaux concurrents [33].

À la mort de Madeleine Kerver, vers 1596, la moitié du fief et de la ferme passe entre les mains de Claude de Bragelongne, conseiller du roi au Parlement, seigneur de la Selle et de Charmoy, l’aîné de ses cinq enfants, qui a dû batailler pour faire valoir son droit d’aînesse [34]. Une partie des terres lui est cédée par la suite par ses cohéritiers mais la surface s’en trouve néanmoins réduite de plus d’un tiers.

En 1616, Madeleine de Bragelongne, sœur de Claude, cède sa part des droits seigneuriaux du fief de l’Isle-Adam au seigneur de Roissy (Jean Jacques de Mesmes, deuxième du nom) [35] mais ce n’est qu’en 1636 que les héritiers de Claude de Bragelongne lui abandonnent enfin tous leurs biens de Roissy [36]. En référence à ses anciens propriétaires, la nouvelle ferme seigneuriale prend désormais le nom de ferme de la Selle [37].

La ferme de la Selle fait partie de ces grands domaines de la Plaine de France dont la production frumentaire nourrit la capitale et dont les revenus engraissent les fortunes parisiennes. Leurs fermiers doivent disposer des capitaux nécessaires à l’achat du cheptel et aux avances à la culture, et détiennent souvent eux-mêmes un patrimoine immobilier leur permettant de garantir leurs emprunts en cas de coup dur. Sauf faillite de leur part, leur bail est renouvelé d’une génération à l’autre quel que soit le propriétaire. La ferme de la Selle est ainsi exploitée, depuis 1502 au moins jusqu’au début du XVIIe siècle, par la famille Thérouenne, prolifique famille de gros fermiers solidement implantés en Plaine de France [38]. Ils possèdent à Roissy quelques terres et plusieurs corps de ferme, dont l’un sur la rive sud de la rue du Moulin, juste en face de la ferme des Bragelongne [39]. S’ils la quittent, ce n’est que pour reprendre, pour près de 100 ans, la très belle ferme des Tournelles. En 1613, Nicolas Domont, un fermier récemment arrivé de Goussainville[40], s’installe donc à son tour à la Selle.

La description du bâti mentionne dès 1469 un « hostel » pourvu d’une grange et d’étables, implanté sur deux arpents, c’est-à-dire un corps de ferme d’une certaine importance. Les sources du XVIe siècle voient apparaître une bergerie dès 1501 [41], puis un colombier à la fin du siècle [42], dès lors constamment mentionnés dans tous les descriptifs jusqu’au dernier bail de 1774. Bergerie et colombier sont l’apanage des grandes fermes, dont les besoins en fumure ne sont pas couverts par le seul fumier de cour. Leur apparition ici est à mettre en relation avec l’accroissement des surfaces exploitées au cours du XVIe siècle. On ne s’étonnera pas de l’absence d’écurie : souvent baptisée « étable à chevaux » dans les archives locales du XVIe siècle, elle est quasi-certainement incluse ici parmi les étables.

III. 2 - Le Grand Siècle : la déroute des laboureurs

La ferme de la Selle s’intègre en 1636 au domaine seigneurial [43], tenu par la famille de Mesmes depuis 1537, qui atteint alors 900 arpents. Décédé en 1642, Jean Jacques II de Mesmes en transmet l’intégralité à son fils Henri de Mesmes, deuxième du nom. Antoinette Louise, fille de ce dernier, la reçoit à son tour en dot en 1655 à l’occasion de son mariage avec Louis Victor Rochechouart, duc de Vivonne, grand seigneur proche du roi au train de vie dispendieux. Fortement endetté, le couple doit abandonner la gestion du domaine de Roissy et ses revenus à ses créanciers. Devenue veuve, Antoinette Louise est contrainte de s’en défaire en 1689 au profit de son neveu, Jean Antoine de Mesmes, Comte d’Avaux, qui fait reconstruire le château. Sans postérité, ce dernier lègue en 1709 la seigneurie à sa nièce, Marie-Thérèse de Mesmes, Marquise de Fontenille.

Tout au long du siècle, les seigneurs de Roissy font face aux faillites successives de leurs fermiers. Pour l’économie roisséenne, les guerres de religion de la fin du XVIe siècle ont en effet marqué la fin d’un âge d’or. Aux allégements transitoires consentis alors sur les prix des fermages succède une hausse continue et la reprise du début du XVIIe siècle ne profite guère aux fermiers, dont les plus importants sont finalement évincés [44]. À la ferme de la Selle, Pierre Domont a succédé à son père, avec un bail augmenté en 1641 [45] : aux terres vendues par les héritiers Bragelongne, Jean Jacques II de Mesmes a joint un lot récupéré de son cousin germain, Henri de Masparault. Des douze fermes qui composent en 1638 le domaine seigneurial, celle de la Selle, avec 77 ha, arrive au second rang pour la superficie. Les Domont sont néanmoins contraints à l’abandon.

En 1654, une nouvelle dynastie fermière s’installe alors pour 120 ans : Étienne Dugué, premier du nom, prend la ferme à bail, avec un autre laboureur, Pierre Descale. Deux fermiers au lieu d’un, c’est une précaution utile dans la conjoncture difficile de la seconde moitié du XVIIe siècle, mais la petite surface allouée pousse les fermiers à cumuler les baux …et les créanciers. Etienne Dugué I puis Etienne Dugué II son fils connaissent de graves difficultés financières et ce dernier voit ses biens saisis [46]. Mais les propriétaires trouvent difficilement un repreneur solvable en cette fin de siècle catastrophique et le Comte d’Avaux ne lâche pas les Dugué. En 1702, Il accepte de confier à Etienne Dugué III, fils du précédent, et Nicolas Dépensier, son beau-père, la moitié du bail de la Selle, tandis que son beau-frère (Nicolas Dépensier le jeune) se saisit de l’autre moitié. Aux terres de la Selle sont adjoints 58 ha issus de la liquidation de deux autres fermes seigneuriales. Ce sont ainsi 135 ha que se partagent les trois ménages [47]. La famille joue son va-tout et accepte un prix très sensiblement supérieur à la moyenne locale. Pari réussi, en partie grâce à la compassion – ou à la sagesse – de Marie Thérèse de Mesmes : au sortir du Grand Hiver, elle renouvelle le bail de la Selle, réduite à 77 ha, au profit du seul Etienne Dugué III, en lui consentant une diminution temporaire de 30% du prix de l’arpent affermé [48].

Les baux à ferme du XVIIe siècle livrent une description assez précise des bâtiments d’habitation et d’exploitation. Sont loués ainsi en 1613 par Catherine Huault, veuve de Claude de Bragelongne [49] :

« Le Corps de logis ou les fermiers ont acoustumé de loger consistant en deux chambres basses une chambre au dessus du fournil et une autre au dessus de l’escurye deux granges une escurye les bergeryes et estables a mestre bestial et le coulombier (…) Item ung jardin a verdure estant derriere la grange de la dite maison Le cloz de devant Icelle maison plante de noyers et pommiers (…). a la reservation feste par Ladite damoiselle bailleresse du surplus de ladite maison et Lieux de deux estables L une à vache et Lautre a porcz de celles estant dans la court de ladite maison Comme aussi du grand cloz de derriere de ladite maison et de pouvoir par elle et les siens prendre des herbes et fruictz dudit petit jardin averdure pour leur usage et commodité toutesfois et quantite que bon leur semblera ».

La ferme comportait donc un logement de fermier plutôt spacieux (cinq pièces en comptant le fournil) et sans doute un autre logis, « surplus de ladite maison » non décrit, hébergeant la bailleresse lors de ses séjours campagnards, suffisamment fréquents pour qu’elle se réserve aussi une partie des annexes de l’exploitation pour ses besoins personnels.

Ce deuxième logis n’apparaît plus dans les baux consentis ultérieurement par les seigneurs de Roissy dans la deuxième moitié du siècle. Ainsi le bail de 1660 indique-t-il :

« un corps de logis concistant en deux chambres basses, une chambre audessus du fournil une autre chambre audessus de l’escurie, deux granges, une Escurie, les bergeries et Etables et Colombier assis en la grande rue.
Item un jardin a verdure assis derrière la grange de ladite maison et clos de devant planté en noyers et pommiers
[50] ».

Les nouveaux propriétaires n’ont certes aucun besoin de l’ancien logement de maître, mais on ignore le devenir des bâtiments correspondants.

III. 3 - Des Lumières à la Révolution : la revanche des fermiers

Au décès du Comte d’Avaux en 1709, s’est ouverte une période troublée pour le domaine seigneurial, qui connaît en 16 ans cinq propriétaires successifs. Marie Thérèse de Mesmes, marquise de Fontenille, s’en est défait dès 1713 au profit d’Angélique d’Aquin, marquise de la Carte, qui le cède à son tour à Jean Law en 1719, à la veille de la faillite du Système. L’usufruit du domaine est alors acquis par Charles Elisabeth de Coëtlogon. Pierre Paul Riquet de Caraman, gentilhomme toulousain fortuné, coseigneur du Canal des Deux Mers, acquiert enfin la pleine propriété de la seigneurie de Roissy en 1725.

Le nouvel acquéreur installe à Roissy pour 66 ans une dynastie de grands seigneurs militaires [51]. Sans postérité, Pierre Paul lègue en effet tous ses biens en 1730 à son neveu Victor Pierre François Riquet de Caraman, ou plus exactement à l’aîné des héritiers mâles à venir de ce dernier [52]. Cette substitution fait du neveu un simple usufruitier, tenu de transmettre l’intégralité des biens à son fils, précaution utile car Victor Pierre François laisse à sa mort 2 millions de livres de dettes. Victor Maurice lui succède en 1760 à la tête de la seigneurie et la conserve jusqu’à la Révolution.

Le siècle des Lumières éclaire aussi l’horizon des fermiers. En Plaine de France, ceux qui ont survécu à la crise bénéficient désormais de la conjoncture économique globalement favorable du XVIIIe siècle (prix des grains soutenus, fermages modérés, crises climatiques rares) et du mouvement de concentration des exploitations qui s’opère en leur faveur [53].

À Roissy, des fermiers horsains ont remplacé les autochtones défaillants. Jean Boisseau a investi la ferme très convoitée des Tournelles, supplantant ainsi la branche locale des Thérouenne, tandis que ses deux frères célibataires, Félix et Antoine, et son beau-frère Nicolas Guérin se saisissent de trois des quatre fermes qui regroupent désormais l’ensemble des terres seigneuriales. Ces fermes sont sensiblement plus grandes que la ferme de la Selle à laquelle s’accrochent les Dugué [54]. Une telle mainmise d’un groupe familial aurait peut-être conduit à l’éviction de ces derniers si Jean Boisseau n’avait dû attendre 15 ans pour avoir un héritier mâle. Il s’agit dès lors d’assurer l’avenir des sept filles qui l’ont précédé : entre 1729 et 1739, trois d’entre elles épousent les trois fils d’Etienne Dugué III. Dominant la « communauté des laboureurs » du lieu, les trois Dugué et leur beau-frère Louis Boisseau, puis leurs enfants, trustent les fermes seigneuriales de 1738 jusqu’à la Révolution et y prennent leurs aises. Le benjamin, Etienne Dugué IV, s’installe à la Selle juste avant son mariage [55]. Remettant en cause l’inégalité des surfaces allouées, Nicolas et Jean Dugué, ses aînés, preneurs des deux plus grosses fermes, décident en 1755 de lui sous-louer chacun 30 arpents portant la surface de la Selle à 212 arpents et réduisant la leur à 234. Une telle répartition, effectuée « sans aucune approbation de la part dudit seigneur bailleur », est néanmoins dûment entérinée par les baux suivants, passés en 1763 par Victor Maurice de Caraman, dernier seigneur de Roissy.

Etienne Dugué IV fut le dernier occupant de la ferme de la Selle. En 1774, Louis Boisseau, le second fils de Nicolas Dugué et le fils aîné de Jean Dugué se partagent les fermes seigneuriales, désormais réduites à trois, probablement à leur demande à la retraite d’Etienne Dugué IV. Réparties entre eux, les terres de la Selle leur sont louées sans bâtiments [56]. Le bail suivant de 1782 [57] confie les terres seigneuriales à Nicolas Dugué fils et aux deux fils de Louis Boisseau, en reprenant les mêmes dispositions. La ferme de la Selle n‘existe plus en tant qu’exploitation autonome.

Comme les précédents, les huit baux du XVIIIe siècle, tous identiques dans leur description de 1702 à 1763, font apparaître un corps de ferme conforme aux standards des grandes exploitations, avec une précision accrue dans la description des annexes. On voit ainsi surgir en 1702 une cave, un puits, un poulailler, une laiterie et une porte charretière dont le corps de ferme du XVIIe n’était peut-être pas dépourvu :

« (…) lhotel et ferme clos et jardin en dependant vulgairement appelle la ferme de la Selle Concistant en un Corps de logis aplique en Cuisine fournil, laiterie, chambres et greniers dessus Cave dessous ladite Cuisine, ecurie bergerie, étables a vaches et a porcs poullailler granges Colombier sous le porche de l’une desdites granges, grande Court puits et porte chartiere, Circonstances et deppendances desdits lieux sans en rien retenir ny reserver ». [58]

Ces baux ne font état ni explicitement ni implicitement de plusieurs logements (on relèverait alors très probablement plusieurs cuisines). Mais l’identité, au mot près, des descriptions n’implique nullement que les bâtiments soient restés inchangés pendant 60 ans. Renouvelant sans enjeu le même bail au même preneur ou à son fils, l’acte ne mobilise la vigilance des parties et du notaire que sur les conditions financières du contrat. On en veut pour preuve la description des confronts, mentionnant jusqu’en 1763 une veuve Aubry décédée depuis 1709 et dont la maison a été vendue dès 1704 à une autre famille. Ces descriptions ne donnent par ailleurs aucune indication sur la disposition des différents bâtiments autour de la cour.

III. 4 - D’une République à l’autre : loger le peuple des campagnes

Caraman passé à l’ennemi en 1791, son domaine est vendu comme bien national en 1794. Chacune des trois fermes seigneuriales est cédée en bloc, avec son corps de ferme et ses terres d’origine, à des citoyens fortunés. À l’inverse, les terres de la Selle sont adjugées en 166 lots, dont 117 lots de 50 à 80 perches destinés « aux citoyens indigens », consacrant la disparition définitive de l’exploitation [59].

Les premières informations quant au bâti issu de la liquidation de la ferme en 1774 n’apparaissent que 16 ans plus tard, dans l’État des sections pour la contribution foncière de 1791 [60]. Victor Maurice Riquet de Caraman, « Bourgeois de Paris », est encore enregistré comme propriétaire sous le numéro 108 de la section du village, correspondant à l’emplacement de l’ancienne ferme de la Selle. Pour dix maisons, louées à des manouvriers ou de petits artisans, et une grange louée à un fermier, il perçoit un total de 340 livres : le corps de ferme désaffecté a été loti. Le locataire de la grange, Savinien Dugué n’est qu’un lointain cousin et non un proche parent des anciens fermiers de la seigneurie et on ignore de quelle grange il s’agit.

Trois ans plus tard, l’estimation des bâtiments, vendus comme biens nationaux [61], en fournit une description très détaillée mais malheureusement confuse [62] :

« En entrant dans la cour des dits bâtiments par une grande porte charretière à main droite est une porte d’entrée qui donne sur la cour avec une autre porte qui sépare le bâtiment qui forme deux logements de particulier, et au dessus des dits bâtiments est un grenier qui règne sur les deux dits bâtiments

Au fond de la dite cour au bout d’une grange est un petit bâtiment en recoin qui sert de bûcher, et à côté dudit bûcher est une petite étable sur le devant qui a son entrée par une porte dans la cour et à côté de ladite étable est un bâtiment qui sert de maison de logement à un particulier qui a son entrée par une porte qui donne sur la dite cour et au fond de ladite maison est une porte qui a son entrée dans un petit cabinet qui est derrière l’étable ci devant désignée et qui donne entrée par une porte à un jardin potager qui est derrière, et au dessus de la dite maison est une grande chambre qui règne sur la dite maison étable et cabinet et à côté de ladite maison est un escalier qui monte aux chambre et au grenier qui règne sur toute la longueur des bâtiments, à côté dudit escalier est un bâtiment qui sert de maison et logement d’un particulier qui a son entrée par une allée qui allait anciennement au jardin potager, à côté de ladite allée est un bâtiment qui sert de maison et de logement de particulier qui a son entrée par une allée qui donne dans la cour et qui va au second escalier et en montant par le dit escalier est une chambre qui règne sur les deux maisons ci-dessus énoncées, et ladite maison a une porte qui donne entrée au jardin potager, et à côté dudit escalier est une allée de la largeur de six pieds qui servait anciennement de sortie de ladite ferme pour la plaine, et à côté de la dite allée est un fournil qui a son entrée par une porte sous la dite allée et en montant par ledit escalier à droite est une allée qui va à une chambre qui a son entrée au bout de ladite allée fermée par une porte en entrant dans ladite allée à droite est une petite chambre qui donne dans une grande chambre et en tournant à gauche est une petite chambre en retour sur les bâtiments à côté et qui a son entrée dans ladite chambre qui servent de logement à un particulier et en montant ledit escalier au second à droite est une chambre qui a son entrée par une porte sur ledit escalier qui sert de logement à un particulier, et en montant audit escalier au troisième est un grenier qui règne sur toute la longueur desdites chambres, et au bas de l’allée en retour dans la dite cour et à côté de l’allée est un bâtiment qui sert de logement à un particulier et qui a son entrée par une porte sur la dite cour et dans ledit bâtiment à côté de la croisée est une porte qui donne une entrée à un autre bâtiment et qui a une seconde entrée par une allée qui fait face à un escalier qui a son entrée sur la cour et le premier des deux bâtiments a une porte qui donne entrée au jardin potager qui tourne au pourtour des dits bâtiments, ledit jardin fermé par une haie vive double en épine blanche du côté des terres et des deux bouts fermé de mur qui peut contenir le dit jardin au total trente perches ou environ ;

et en entrant par la porte de la dite allée à gauche est une porte qui a son entrée à un bâtiment où est l’entrée de la cave et le dit bâtiment sert de cellier, et en montant au dit escalier au premier est une chambre à main droite qui est sur le sellier et au dessus et à côté est une petite chambre qui a son entrée sur l’escalier et qui donne sur une autre chambre à feu les deux dites chambres séparées par une cloison et sert de logement à un particulier et en montant l’escalier au dessus des dites chambres est un escalier (sic, probablement un grenier) qui règne sur les trois chambres, au bout des dites maisons en retour de la cour sont deux petites écuries qui peuvent loger huit à dix chevaux et au bout des dites écuries en retour de la dite cour est deux petites granges de chacune deux travées y compris la batterie qui peuvent loger trois mille gerbes d’avoine ou environ, les dites granges ayant une porte d’entrée dans la dite cour et l’on ne peut engranger que par deux fenêtres qui donnent sur la grande [rue] du moulin de Roissy, et au bout des dites granges est un bâtiment qui forme deux logements séparé par une allée qui a son entrée par une porte sur la cour l’une à droite et l’autre à gauche qui ont chacun leur entrée par une porte sur la dite allée et qui servent de logement à deux particuliers, et au fond de la dite allée est un petit escalier qui monte à un grenier qui règne sur les deux bâtiments

La dite cour plantée de plusieurs jeunes arbres fruitiers et en rapport servant de jardin à plusieurs locataires Tenant le total des dits bâtiments du côté d’orient à une grande grange dépendant de la dite ferme qui est ci après estimée séparément, d’occident aux héritiers Brie ainsi que le bout du jardin, du midi à la grande rue du moulin de Roissy, du nord aux terres du Moutier, tous les dits bâtiments couverts de tuiles.

Estimé les dits bâtiments cour et jardin potager vu le mauvais état d’une partie des bâtiments à la somme de quatre mille livres.

Ensuite est l’estimation de la dite grange et d’une cour qui donne entrée à la dite grange par une porte charretière qui donne sur la Grande rue du Moulin et qui sert à engranger les grains par cinq fenêtres qui sont dans la costière de la dite grange qui à neuf travées de long y compris la batterie, le dit terrain cour et emplacement de grange peuvent contenir quinze à seize perches. Nous estimons que la dite grange peut être vendue séparément des autres bâtiments et que l’on doit accorder à la dite grange le droit d’égoût dans la cour des autres bâtiments et observons en outre que si la dite grange est vendue séparément qu’il y a un porche qui donnait entrée à la dite grange dans la cour de la ferme sur lequel est bâti un colombier qui est sans pigeons et en mauvais état que le dit acquéreur sera tenu de le démolir et enlever les immondices et fermer la dite grange sur l’alignement de la costière afin de rendre la cour des bâtiments de la dite ferme plus carrée, le total de la dite grange et cour tenant du côté d’orient au S. Turgot d’occident à la cour des bâtiments de le dite ferme du bout du nord au jardin potager de la ci devant ferme et du midi ou est la porte charretière sur la Grande rue du Moulin de Roissy, estimé au total à la somme de deux mille livres. »

Il ressort de ce texte difficile que la majeure partie des bâtiments a bien été débitée en petits logements locatifs : on en compte ici onze et non dix comme ci-dessus, répartis sur tout le pourtour de la cour (transformée en partie en jardin) à l’exception de l’aile est. Un fournil en fond de cour à gauche permet peut-être d’y situer l’ancien logis du fermier. L’aile côté est est occupée par la grande grange surmontée de son colombier en ruine, à laquelle on accède désormais à l’est par une cour indépendante (autrefois jardin à verdure). Subsistent aussi une petite étable, deux petites écuries et une grange à avoine.

Jean Benoist Dugué, marchand parisien fils d’Etienne Dugué IV, dernier fermier de la Selle, obtient les deux lots pour 17300 livres [63]. Il se défait de ses acquisitions entre l’an V et l’an VII au profit du Sieur Froment de Goussainville [64] qui les revend en quatre lots en 1811 [65]. Le plan cadastral et l’état des sections pour la contribution foncière de 1823 [66] permettent de les localiser précisément (voir figure 19). À Jean Adnot, boucher à Roissy, revient la grande grange de l’aile est ainsi que le logement en retour en façade, intégrés dans une même parcelle cadastrale (633). Olivier Thorigny, voiturier à Roissy, s’empare d’une « maison et clos », consistant en trois bâtiments séparés à l’ouest et au fond de la cour (Fig. 19, parcelles 629, 631 et 628). Ce dernier, qui inclut la maison proprement dite, est démoli en 1827. Tous ces bâtiments ont actuellement disparu ou subsistent à l’état de ruine.

Les deux derniers lots correspondent à des bâtiments encore en place aux 18 et 14 rue Jean Moulin. Louis Brie (Roissy), dont le père a acquis la maison voisine de la Selle en 1770, récupère « une grange » sur ce qui reste de la ferme, intégrée au reste de sa maison sur le plan cadastral (Fig. 19, parcelle 625, correspondant au 18 rue Jean Moulin). La parcelle recouvre désormais tout l’angle sud-ouest de l’ancienne ferme, telle qu’elle apparaît sur le plan parcellaire de la seigneurie à la fin du XVIIIe. Selon la description des lieux de 1794, la partie gagnée sur la ferme correspond à tout ou partie des granges à avoine en façade mais inclut probablement aussi les écuries qui terminaient l’aile ouest au sud du dernier bâtiment d’habitation.

Honoré Richer, Roisséen d’origine devenu cocher parisien et petit-fils par alliance de Louis Brie, achète en 1811 le bâtiment actuellement situé 14 rue Jean Moulin (Fig. 19, parcelle 632). Celui-ci est simplement décrit dans le livre des mutations comme une maison de deux travées. Honoré Richer étend sa propriété en 1831 par l’acquisition auprès des familles Thorigny et Adnot de toutes les parcelles issues de l’ancienne ferme, à l’exception du jardin à verdure à l’est de l’ancienne grange (parcelle 634) et de celle intégrée à la maison de Louis Brie (Fig. 19, parcelle 625) [67]. Ce dernier s’est défait de sa maison un an plus tôt mais nous ignorons l’identité précise du nouvel acquéreur : il s’agit non pas – pour l’essentiel – d’Honoré Richer mais probablement du M. Thorigny que nous voyons figurer à cet emplacement sur le plan d’alignement de 1866 [68]. Le rôle des contributions foncières signale cependant en 1831, en même temps que l’acquisition des parcelles voisines par Honoré Richer, l’« augmentation de construction » réalisée sur sa parcelle 632 : c’est fort probablement à cette époque que l’intégration de la travée de grange ouest au bâtiment principal a été réalisée.

La maison passe en 1864 à Adolphe Richer, puis en 1880 à Constant Éloy Desoyer et enfin à son gendre Jean Victor Félix Boisseau en 1886, tous résidant à Roissy [69].

IV - Confrontation des sources archivistiques et des observations de terrain

Des bâtiments sont en place sur le site dès le Moyen Àge, en témoignent les archives et les sondages archéologiques [70] ouverts dans le sol.

Jusqu’en 1794, les documents d’archive ne livrent aucune information quant à la destination des locaux sur rue. On sait simplement que l’ensemble n’est plus loué en tant que corps de ferme à partir de 1774, alors qu’il l’était en 1763, et l’on apprend en 1791 que 11 ménages de locataires occupent les bâtiments de l’ancienne ferme.

Trois faits observés nous laissent penser que la maison d'habitation observée au 14 de la rue Jean Moulin, réaménage un ancien bâtiment de stabulation : la faible hauteur sous poutre (195 cm soit une toise) du rez-de-chaussée, la découverte d'une porte bétaillère sur la façade nord et la présence d'un pavement extérieur relativement large et en pente douce vers une rigole d'évacuation, sont de bons arguments pour envisager une fonction première du rez-de-chaussée, comme logement à bétail. Si la largeur de ce pavement, tout comme la largeur interne du bâtiment peuvent convenir aux bovins et aux chevaux, la relativement faible largeur (130 cm) de la porte bétaillère semble plus adaptée à des animaux de petite taille.

Le décalage chronologique observé par la dendrochronologie entre le linteau de la porte bétaillère (1713) et le reste de la charpente (1738-1739), va dans le sens de l’évolution fonctionnelle du bâtiment.

Les datations dendrochronologiques effectuées sur le bâtiment observé au 14 de la rue Jean Moulin, nous informent d’un remaniement important vers 1738-1739. C’est la date à laquelle a été renouvelé le bail de la ferme, par Victor Pierre François Riquet de Caraman, seigneur de Roissy depuis 1730, au profit d’Etienne Dugué, fils du précédent preneur décédé en 1732. Au moment de la signature, la ferme est tenue par la mère veuve, qui se porte caution pour son fils. Etienne Dugué, mineur émancipé de 22 ans, se marie 8 mois plus tard. Il est possible qu’un nouveau bâtiment ait été construit ou reconstruit à l’occasion de ces changements, mais le bail ne le précise pas.

Comme tout propriétaire important, le seigneur de Roissy doit faire réaliser le gros entretien des bâtiments d’exploitation qu’il cède à bail, et les archives seigneuriales sont riches de dépenses pour des travaux réalisés dans les fermes, sans qu’on sache toujours de laquelle il s’agit.

En 1794, le procès-verbal d’estimation préalable à la vente des biens nationaux fournit une description détaillée mais confuse du bâti de la ferme de la Selle, un peu moins confuse cependant dans notre secteur. L’expert décrit les lieux en commençant à main droite de l’entrée de la cour et termine par le bâtiment observé en élévation en 2013. La description de la grange à avoine permet d’isoler assez facilement du reste cette partie sur rue : « (…) et au bout des dites écuries en retour de la dite cour est deux petites granges de chacune deux travées y compris la batterie qui peuvent loger trois mille gerbes d’avoine ou environ, les dites granges ayant une porte d’entrée dans la dite cour et l’on ne peut engranger que par deux fenêtres qui donnent sur la grande [rue] du moulin de Roissy, et au bout des dites granges est un bâtiment qui forme deux logements, séparé par une allée qui a son entrée par une porte sur la cour, l’une [l’un] à droite et l’autre à gauche qui ont chacun leur entrée par une porte sur la dite allée et qui servent de logement à deux particuliers, et au fond de la dite allée est un petit escalier qui monte à un grenier qui règne sur les deux bâtiments. Nous pouvons en déduire l’existence d’un « hall » d’entrée donnant sur la cour desservant à la fois les deux logements et le grenier, qui ne fait donc partie d’aucun d’entre eux : il est peut-être encore utilisé par les fermiers de l’ex domaine seigneurial.

Si la description correspond globalement au bâtiment du 14 de la rue Jean Moulin, nous notons que le corridor observé donne sur la rue, et non pas sur la cour, ce qui est dans la logique du changement fonctionnel relaté dans les archives : la ferme francilienne est traditionnellement un bâtiment à cour fermée, qui donne effectivement accès à ses bâtiments particuliers depuis la cour centrale, sous l’œil du maître. Dans la logique du lotissement de l’ancienne ferme à 11 particuliers, l’accès direct depuis la voirie pour les deux familles occupant le bâtiment sur rue, est une commodité qui traduit bien l’indépendance du nouveau logement.

Le document de 1794 nous informe de la fonction de grange à avoine pour le bâtiment dans le prolongement ouest de la maison d’habitation. Les observations réalisées à l’étage de la quatrième travée (ouest) de la maison vont bien en ce sens.

Adjugé d’abord dans son ensemble à Jean Benoist Dugué, cultivateur, le lot est ensuite dissocié par une série de ventes en 1811 : une maison de deux travées, correspondant sur le cadastre à notre bâtiment, échoit à Honoré Richer, roisséen d’origine, cocher à Paris, tandis qu’une grange de 3 perches et 7/20 est acquise par le voisin. On peut imaginer que la grange à avoine ait été démembrée à cette occasion, une petite portion étant dévolue à Honoré Richer même si le texte ne le précise pas.

Le corps principal de la maison observée au 14 de la rue Jean Moulin possède trois travées, et non deux, mais il est vrai que la travée centrale est la plus étroite, et qu’utilisée comme couloir (espace collectif) elle a pu échapper au décompte, les deux travées latérales étant les véritables logements.

Après avoir été en possession des seigneurs successifs de Roissy, le bâtiment de l’actuel 14 de la rue Jean Moulin échoit à deux individus issus du monde rural, mais suffisamment fortunés pour loger ailleurs. Il n’est pas étonnant qu’un cocher, si parisien soit-il pour ses fonctions, acquière un logement loti dans une ancienne ferme villageoise, et une travée de grange supplémentaire sentant l’avoine.

Un berger, un voiturier et un boucher se partagent le reste des bâtiments de l’ancienne ferme. Si la sociologie des acquéreurs nous est ainsi dévoilée, celle des occupants réels reste inconnue.

Comparaison et conclusion

Pièce principale pavée de tomettes, fenêtres bien disposées, couverture de tuiles, présence de chambres à l’étage accessibles par un escalier intérieur, sont déjà les signes d’une aisance relative de ces villageois du Pays de France, par rapport aux « bricoles » briardes des petits agriculteurs (Trochet et Poupel 1989, p. 88) qui n’ont pas d’étage, ou aux habitations paysannes décrites dans le Mantois et le Vexin (Bougeatre 1971, p. 21), maisons couvertes de chaume et au sol de terre battue.

Dans le pays voisin du Vexin français, Roland Vasseur rappelle que les maisons de manouvriers forment l’essentiel de l’habitat. Le plus souvent en bordure de rue, ces maisons possèdent une chambre à l’étage, accessible par un escalier extérieur (Vasseur 1997, p. 12 et 13). À Courdimanche, dans l’arrondissement de Pontoise, André Parrain décrivait au milieu de XXe siècle, la transformation totale de l‘habitation rurale des petits fermiers, une petite maison « en hauteur », avec chambres à l’étage (Parrain 1957, p. 52 et suiv.).

Dans la Brie champenoise, l’enquête de 1895 sur les conditions de l’habitation en France décrit la maison du petit cultivateur manouvrier comme une pièce à feu de 15 m2 et d’une chambre ordinairement sans feu, accolés à l’étable (Bibas et Corrard 1894, p. 107).

Les maisons de Mauperthuis ne comportaient également qu’une grande pièce chauffée, surmontée d’un grenier (Rivière 1939, p. 118).

Pour ne rester que dans des comparaisons régionales, Marcel Lachiver rappelle qu’en 1861 encore, la couverture des toits en chaume reste la règle dans la grande majorité des 350 communes qu’il étudie à l’ouest de Paris (Lachiver 1975-1976). Selon cet auteur, l’habitation à l’étage et la couverture de tuiles sont liées à l’activité viticole, à la nécessité primordiale de gagner du volume en pays d’habitat continu (Lachiver 1975-1976, p. 80).

Dans son Histoire du diocèse de Paris (tome V, 1755), l’abbé Lebeuf décrit Roissy, comme un terroir sans vignes [71] . Aucune cave n’est d’ailleurs associée à la maison observée. À Roissy, l’origine de la maison à étage semble à rechercher ailleurs.

La maison du 14 de la rue Jean Moulin n’est donc pas celle des plus humbles, des plus modestes. Nous ne la qualifions pas de masure, selon le sens contemporain du terme. L’ornementation « relative » de la façade sur rue, évoque plus une maison de bourg, qu’une maison paysanne, même si des bâtiments à usage agricole aujourd’hui détruits, complétaient inévitablement cette maison.

L’acte d’époque révolutionnaire qui la décrit, utilise régulièrement l’expression de « bâtiment qui sert de maison et logement d’un particulier ». La nature hybride du bâtiment (un ancien bâtiment de ferme transformé en logement d’habitation) est-elle si évidente aux yeux du descripteur, qu’il n’ose la dénommer directement comme une maison ? Ou bien l’acte rédigé fait-il plus ou moins consciemment le constat d‘une large appropriation par les villageois, d’un corps de ferme appartenant encore à l’ancien seigneur du village, émigré dont il faut saisir et vendre les biens ?

Sous les apparences d’un taudis bon à démolir, la maison du 14 de la rue Jean Moulin à Roissy-en-France, s’inscrit parfaitement dans l’histoire agraire (la concentration [72] des exploitations aux XVIIe et XVIIIe siècles) et l’architecture vernaculaire du Pays de France.

Une maison construite en pierres et enduite au plâtre, des façades unies, sans décor, des linteaux de bois non apparents sont des traits de l’architecture dite briarde, reconnus sur la maison de Roissy.

Les matériaux sont représentatifs de l’architecture dite briarde, qui outre la Brie, s’étend sur le Pays de France, la Goële, le Multien, l’Orxois et le Tardenois (Vincent 1981, p. 32 et 52).

Les datations dendrochronologiques rendent compte de remaniements structurels importants en 1738-1739. Un ancien bâtiment de stabulation est transformé en logement pour particuliers, avec les matériaux et conceptions de l’époque, vraisemblablement destinés aux manouvriers, dont beaucoup ne sont plus propriétaires de leur maison.

On ne sait précisément si les logements décrits à l’étage datent de la décennie 1730, ou ont été réalisés plus tardivement dans le XVIIIe siècle Les remaniements qui interviennent aux XIXe et XXe siècles (fenêtres, salle d’eau, WC, etc.) marquent bien l’évolution du confort et de la salubrité dans les campagnes franciliennes.

Au XIXe siècle, les conséquences des mesures révolutionnaires (vente des biens nationaux, rachat en assignats des rentes foncières), mais aussi l’exode des moins bien lotis vers l’industrie parisienne, ont donné un coup d’arrêt à la paupérisation des ruraux franciliens. La fouille à venir à l’emplacement de ce bâtiment devrait nous livrer des informations nouvelles sur ces origines, son fonctionnement, etc.

BIBLIOGRAPHIE

Bibas Ed. et Corrard G., Les maisons-types de la Brie champenoise en 1895, in Enquête sur les conditions de l’habitation en France, Alfred de Foville, Paris, 1894, vol. 2, pp. 99-127.

Bougeatre Eugène, La vie rurale dans le Mantois et le Vexin au XIXe siècle, Meulan, 1971, 284 p., 36 ill. h. t., en part. pp. 21-30

Lachiver Marcel, Sur quelques aspects de la maison rurale en Seine-et-Oise au milieu du XIXe siècle. Nature des couvertures et hauteurs des maisons, in Mémoires de la Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l’Île-de-France, tome 26-27, 1975-1976, pp. 73-85.

Moriceau Jean-Marc, Les fermiers de l'Île-de-France. L'ascension d'un patronat agricole (XVe - XVIIIe siècle), Fayard, 2e édition, 1994, 1069 p.

Parrain André, Habitat rural dans le Vexin, in Mémoires de la société historique et archéologique de l’arrondissement de Pontoise et du Vexin, tome LVI, 1957, pp. 49-53.

Rivière Cléry, Un village de Brie au XVIIIe siècle – Mauperthuis, Paris, éditions Picard, 1939, 191 p.

Trochet Jean-René et Poupel René, L'habitat rural traditionnel, in Seine-et-Marne. Cadre naturel, histoire, art, littérature, langue, économie, traditions populaires,  Paris, Bonneton éditeur, 1989, pp. 83-96.

Vasseur R, La maison paysanne du Vexin français, Pontoise, Les Amis du Vexin français, 1997, 148 p.

Vincent Michel, Maisons de Brie et d'Ile-de-France, 1981, 367 p.

NOTES

[1] Largeur 100 cm x hauteur 210 cm.

[2] La façade sur rue mesure 15,3 m hors œuvre, tandis que la façade sur cour mesure 14,6 m.

[3] L’unité de mesure est le pied de roi valant 0,325 m. Six pieds font une toise de 1,949 m. La conversion dans l’ancien système de mesures facilite la lecture des bâtiments, et participe à estimer l’ancienneté des constructions.

[4] 32 x 14 cm en moyenne.

[5] Plâtre blanc à inclusions de charbon de bois.

[6] La condamnation de la porte est faite d’une maçonnerie de moellons calcaire siliceux irréguliers, liés et enduits d’un plâtre gris riche en charbon de bois et inclusions de gypse surcuit.

[7] Moyenne relevée sur 20 pavés.

[8] Porte large de 100 cm et haute de 210 cm.

[9] Lecture faite d’est en ouest.

[10] Porte large de 80 cm et haute de 195 cm.

[11] Le plancher est ici composé de lamelles de chêne longues de 50 à 60 cm et larges de 5,5 cm.

[12] Portes larges de 110 cm.

[13] Ces tomettes mesurent 17 cm de pan à pan.

[14] 17 cm de pan à pan.

[15] Cloisons épaisses de 16 cm.

[16] Plancher composé de lattes en chêne, ± longues de 300 cm et larges de 11 cm.

[17] 300 x 90 cm.

[18] 33 x 36 cm. Ce jour enduit de plâtre, est positionné à 110 cm de hauteur.

[19] Le détail de l’étude dendrochronologique est visible au lien http://www.dendrotech.fr/fr/Dendrabase/site.php?id_si=033-11-95527-0001

[20] Porte en chêne, haute de 170 cm et large de 80 cm, perforée dune chatière.

[21] Porte condamnée de briques.

[22] Les trois agrafes conservées mesurent 32, 33 et 40 cm, pour 2 cm de largeur et hauteur.

[23] Mesure des Eaux et Forêts : 22 pieds par perche et 100 perches par arpent. Également en vigueur à Roissy pendant tout l’Ancien Régime, la « petite mesure » (20 pieds pour perche) est abandonnée pour les terres seigneuriales dès la fin du XVIe siècle.

[24] Un mémoire non daté, rédigé à la fin du XVIe siècle par les enfants et héritiers de Thomas de Bragelongne et de Madeleine Kerver, propriétaires de la ferme, retrace l’histoire de la constitution du domaine (Déclaration de la maison des héritiers de Thomas de Bragelongne (AN T 269/11)).

[25] Les Pilloys apparaissent dans plusieurs dictionnaires généalogiques : Louis-Pierre D'Hozier, Armorial général ou registres de la noblesse de France (Paris, 1752, registre III, 1ère partie, p. 17) ; François-Alexandre Aubert de la Chesnaye des Bois, Dictionnaire de la Noblesse contenant les Généalogies, l’Histoire et la Chronologie des Familles Nobles de France, Paris,1773, vol. VI, p.115) ; P. Louis Lainé, Archives généalogiques et historiques de la noblesse de France, Paris, 1839, vol.6 p.76 ; Anselme de Sainte-Marie, Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, des pairs, grands officiers de la Couronne, de la Maison du Roy et des anciens barons du royaume, t. 6. Paris, La compagnie des libraires, 1726-1733. 3e éd. rev., corr. et augm. 876 p., t. VII, p. 473.

[26] Lettres de Louis XI, roi de France: publiées d'après les originaux pour la Société de l'histoire de France par Joseph Vaesen et Étienne Charavay. Paris, vol. 9, p. 198.

[27] Déclaration des biens de Jehan de Ploisy (1443).AN T* 269/1 folios XXXIX verso, XL, LXX et LXXI.

[28] Procès-verbal d’arpentage des terres de Madeleine Kerver veuve Bragelongne par Michel Jullien arpenteur juré (07/11/1573). AN T*269/12, pp. 669-689.

[29] Bail à ferme par Madeleine Kerver à Guillaume Thérouenne et Jeanne Pluyette (07/11/1586). AN T*269/13 p.1528.

[30] Cent cinquante ans plus tard, un descendant de Martin de Bragelongne, frère aîné de Thomas, tente de faire remonter l’ascendance noble des Bragelongne au XIe siècle, sans pouvoir pour autant asseoir cette filiation sur des titres incontestables. (Discours genealogique. Origine et Genealogie de la maison de Bragelongne. Pierre de Bragelongne, Paris, 1689.). Dans les documents que nous avons consultés, il n’apparaît comme « Noble homme » qu’après 1537.

[31] Carrière Victor. Les épreuves de l'Église de France au XVIe siècle. Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 11. N°52, 1925. pp. 332-362.

[32] Terrier de l’Isle-Adam 1576-1581 (copie collationnée). AN T* 269/17.

[33] Déclaration de la maison des héritiers de Thomas de Bragelongne. AN T 269/11.

[34] Sentence rendue aux requêtes du Palais concernant le partage des biens de Thomas de Bragelongne entre son fils Claude et ses cohéritiers (15/09/1599). AN T*269-13, vol. II, p. 1354).

[35] Vente à Jean Jacques de Mesmes par Madeleine de Bragelongne (veuve Montholon) de sa part du fief de l’Isle-Adam (20/12/1616). AN T *269/13 p. 1367.

[36] Vente de la ferme de la Selle par Claire de Bragelongne épouse de Etienne de Nicq et Madeleine de Bragelongne veuve de Philippe de Marle à Jean Jacques de Mesmes (14/06/ 1636). AN MC/ET/ LI 181.

[37] C’est l’orthographe utilisée à Roissy, alors qu’il s’agit en réalité de la Celle-sous-Chantemerle (paroisse de Champagne).

[38] Moriceau, Jean-Marc. Les fermiers de l’Île-de-France XVe-XVIIIe siècle. Paris : Fayard, 1998 (1ère éd. 1994). 1069p.

[39] Déclaration au terrier du Prieuré de l’Isle-Adam par Philippe Chulot veuve de Nicolas Thérouenne. AN T*269/19, folio 21 verso.

[40] Bail à ferme par Catherine Huault veuve Bragelongne à Nicolas Domont et Denise Hamelin (11/09/1613). AN MC/ET/LI/116.

[41] Ensaisinement de Nicolas Charpentier par le Prieur de l’Isle-Adam (30/08/1501) : extrait cité dans la déclaration de la maison des héritiers de Thomas de Bragelongne. AN T 269/11.
Une bergerie est également mentionnée en 1532 (Donation entre vifs par Nicolas Charpentier à Thomas de Bragelongne, 26/01/1532, AN T 269-14).

[42] Déclaration de la maison des héritiers de Thomas de Bragelongne. AN T 269/11.

[43] Bach Marie-Anne. Le domaine seigneurial de Roissy-en-France (XIVe-XVIIIe siècle). In « Le château de Roissy-en-France (Val-d'Oise). Origine et développement d’une résidence seigneuriale du Pays de France. Sous la direction de Jean-Yves Dufour, à paraître.

[44]Bach Marie-Anne. Le domaine seigneurial de Roissy-en-France (XIVe-XVIIIe siècle). In « Le château de Roissy-en-France (Val-d'Oise). Origine et développement d’une résidence seigneuriale du Pays de France. Sous la direction de Jean-Yves Dufour, à paraître.

[45] Bail à ferme de Jean Jacques II de Mesmes à Pierre Domont et sa femme (06/09/1641, Gaudet, Roissy) résumé dans l’inventaire des titres du Comte d’Avaux.AN T*269/13 vol.II, p.1555.

[46] Saisie de maisons et terres sur Etienne Dugué x Elisabeth Delamare à la demande de Jean Antoine de Mesmes Comte d'Avaux (02/07/1697). AN, ZZ/2/65.
Saisie à la demande de Louis de Béchameil, marquis de Nointel, sur Etienne Dugué, laboureur à Roissy en son nom et comme héritier d'Etienne Dugué x Marie Pigeon (29/11/1700). AN, Y 3719 .

[47] Baux à ferme par Jean Nolin bourgeois de Paris fondé de procuration de Jean Antoine de Mesmes, Comte d’Avaux à Nicolas Dépensier l’aîné et Etienne Dugué le jeune et à Nicolas Dépensier le jeune et Marie Guiet (04/11/1702). AN MC/ ET/ X/264.

[48] Bail à ferme par Darie Thérèse de Mesmes épouse séparée quant aux biens de François de la Roche, marquis de Fontenille à Etienne Dugué x Marie Anne Dépensier (04/09/1711). AN MC/ ET/ LI/ /772.

[49] Bail à ferme à Nicolas Domont et Denise Hamelin (11/09/1613). AN MC/ET/LI/116.

[50] Mention de bail à ferme par Henri de Mesmes à Pierre Descale et Etienne Dugué et leurs femmes (Gaudet, Roissy-en-France, 01/11/1660). AN T*269/13, p.1506.

[51] Montjouvent, Philippe de. Les Riquet de Caraman. Paris : Christian, 2002. 543 p.

[52] Testament de Pierre Paul Riquet de Caraman du 19/06/1714 et codicille du 03/09/1727. AN/MC/ET/LIII/252.

[53] Moriceau, Jean-Marc. Les fermiers de l’Île-de-France XVe-XVIIIe siècle. Paris : Fayard, 1998 (1ère éd. 1994). 1069 p. ; Béaur, Gérard. Histoire agraire de la France au XVIIIe siècle. Paris : SEDES, 2000. 320 p.

[54] 135 ha pour les fermes de Langle et du Moustier, 114 pour celle de la Barre, 78 pour celle de la Selle.
Bail de la ferme de la Selle par Charles Elisabeth de Coëtlogon, usufruitier par bail à vie de la terre et seigneurie de Roissy à Etienne Dugué x Marie Anne Dépensier (07/03/1721). AN MC/ET/XLVIII/45.
Bail de la ferme de la Selle par Pierre Paul Riquet Comte de Caraman à Etienne Dugué x Marie Anne Dépensier (08/09/1729). AN MC/ET/LIII/250.

[55] Bail de la ferme de la Selle par Victor Pierre François de Riquet Comte de Caraman, maréchal des camps et armées du Roi à Etienne Dugué fils laboureur à Roissy (27/11/1738). AN MC/ET/XLIII/371.
Bail de la ferme de la Selle par Pierre Tailladet fondé de procuration de Victor Pierre François de Riquet Comte de Caraman à Etienne Dugué laboureur à Roissy et sa femme (04/10/1746). AN MC/ET/ XLIII/488.
Bail de la ferme de la Selle par Victor Maurice de Riquet Marquis de Caraman, colonel d’un régiment de dragons, donataire et démissionnaire de son père suivant à Etienne Dugué laboureur à Roissy et Catherine Opportune Boisseau (16/03/1755). AN MC/ET/ XXIII/597.
Bail de la ferme de la Selle par Victor Maurice de Riquet Marquis de Caraman à Etienne Dugué et Catherine Opportune Boisseau (26/03/1763). AN MC/ET/ XXIII/650.

[56] Bail à ferme par Victor Maurice Riquet Comte de Caraman, maréchal des camps et armées du Roi, Seigneur de Roissy et autres lieux à Nicolas Dugué et Scholastique Chalot (ferme du Moustier), Jean Dugué et Geneviève Justine Fournier (ferme de Langle) et Louis Boisseau et Catherine Angélique Fournier (ferme de la Barre) (19/04/1774). AN MC/ET/ XXIII/731A.

[57] Bail à ferme par Victor Maurice Riquet Comte de Caraman, lieutenant général des armées du Roi, Seigneur de Roissy et autres lieux à Nicolas Dugué et Scholastique Chalot (ferme du Moustier), Jacques Etienne Boisseau et Angélique Duvivier (ferme de la Barre) et Louis Boisseau et Jeanne Agnès Partout (ferme de Langle) (20/08/1782). ADVO 2E14-202.

[58] Baux à ferme par Jean Nolin bourgeois de Paris fondé de procuration de Jean Antoine de Mesmes, Comte d’Avaux à Nicolas Dépensier l’aîné et Etienne Dugué le jeune et à Nicolas Dépensier le jeune et Marie Guiet (04/11/1702). AN MC/ ET/ X/264.

[59] AD Yvelines 1Q 65/2352-2382 19 Germinal an II.

[60] État des sections pour la contribution foncière de 1791. Archives municipales de Roissy-en-France, 3G/2-1.

[61] AD Yvelines 1Q 73 /2353 et 2354 14 germinal an II.

[62] Pour plus de clarté, la transcription adopte ici l’orthographe contemporaine. Les éléments susceptibles de faciliter sa compréhension sont soulignés.

[63] AD Yvelines 1Q 65/2352-2382 19 Germinal an II.

[64] Matrices des rôles de la contribution foncière de l’an V et de l’an VII. Archives municipales de Roissy-en-France, 3G1.

[65] Livre des mutations 1809-1818 et 1825-1827. Archives municipales de Roissy-en-France, 6G1.

[66] État de sections des propriétés bâties et non bâties. Archives municipales de Roissy-en-France, 7G1.

[67] Matrice du rôle des contributions foncières. Propriétés bâties et non bâties (1859-1911). ADVO, 3P 630.

[68] Plan d’alignement du 26 octobre 1866. Archives municipales de Roissy-en-France. Nous ignorons si ce « M. Thorigny » était parent de la famille Thorigny qui a cédé ses parcelles.

[69] Matrice du rôle des contributions foncières. Propriétés bâties et non bâties (1882-1914). ADVO, 3P 631.

[70] Dufour (J.-Y.) et Pasquier (I.) coll, Roissy-en-France, 14, rue Jean Moulin, rapport de diagnostic archéologique, Inrap Centre-Île-de-France, 2013, 53 p.

[71] « Le Roissy dont il s’agit ici est à cinq lieues de Paris sur la route de Soissons dans un vallon évasé & fort découvert sans vignes ni sans autres arbres ou bois qu’une longue avenue qui prend aux environs du chemin de Senlis. Tout le territoire est pays de labourage & de bonnes terres », Histoire du diocèse de Paris, tome V, p. 440.

[72] Moriceau 1994, chapitre 18.


Pour imprimer, passer en mode paysage
To print, use landscape mode

© CERAV

Référence à citer / To be referenced as :

Jean-Yves Dufour et Marie-Anne Bach

Une maison villageoise du XVIIIe siècle observée à Roissy-en-France (Val-d’Oise) (Survey of an eighteenth-century village house at Roissy-en-France, Val-d’Oise)

L'architecture vernaculaire, tome 38-39 (2014-2015)

http://www.pierreseche.com/AV_2014_dufour_roissy.htm

12 mars 2014

Les auteurs :

Jean-Yves Dufour, archéologue Inrap, UMR 7041, équipe Archéologies environnementales
Marie-Anne Bach

sommaire tome 38-39 (2014-2015)                    sommaire architecture vernaculaire